Le déni des dimensions matérielles du travail éducatif

Dans le cadre d’une recherche portant sur l’usure et la mobilité professionnelles des salariées de la petite enfance en France[1], nous avons été amenées à nous interroger sur la « pénibilité » du travail et son occultation fréquente, tant dans les représentations communément associées à ces métiers que dans les propos des salariées elles-mêmes. L’objet de cet article est d’interroger les logiques du déni des dimensions matérielles du travail de prise en charge des jeunes enfants[2]. La notion de déni s’inspire d’un article de V. Sadock consacré aux auxiliaires de puériculture travaillant au sein d’une crèche hospitalière (Sadock, 2003 ; Molinier, 2004). « Dénier », c’est « refuser de reconnaître comme vrai » (Petit Robert), or il nous semble que ce terme de déni rend bien compte du rapport des salariées aux dimensions matérielles de leur travail : celles-ci sont à la fois bien connues et à moitié reconnues. Par « dimensions matérielles », nous désignons tout à la fois certaines tâches et certaines contraintes, celles qui sont les plus corporelles, à la fois physiques et mentales, et qui sont source de pénibilité[3]. Après avoir présenté ces tâches, nous évoquerons les mécanismes contribuant à leur déni. Mais précisons que la distinction entre le « matériel » et l’« humain » est délicate, les professionnelles ayant affaire à de l’« humanité matérialisée ». Par cette expression, le sociologue M. Halbwachs invitait à revenir sur la distinction durkheimienne entre « monde des choses matérielles » et « monde des choses humaines » pour attirer l’attention sur les spécificités du travail des employés, conduits à traiter non de la « matière inerte » comme les ouvriers, mais de la « matière humaine », c’est-à-dire à traiter, au moins tendanciellement, les personnes comme des choses[4].

Tâches et contraintes matérielles dans la prise en charge des jeunes enfants

Les taux officiels d’encadrement des enfants dans les structures collectives françaises étaient d’un adulte pour huit enfants qui marchent et d’un adulte pour cinq enfants qui ne marchent pas jusqu’à un décret de juin 2010, portant à 20% l’autorisation d’accueil d’enfants supplémentaires, ce qui revient de fait à assouplir les précédents taux d’encadrement. Le fait qu’il s’agit de prendre en charge plusieurs enfants du même âge est très important à avoir à l’esprit. C’est en effet là que s’enracine une prise en charge des enfants « comme des choses », c’est-à-dire tendanciellement d’une façon répétitive et plus ou moins standardisée, « à la chaîne » pour reprendre l’expression utilisée par les personnels. Le fait que les enfants soient traités en nombre constitue la toute première dimension matérielle du travail, ce que suggère une éducatrice jeunes enfants d’une crèche associative (accueillant 75 enfants), qui a participé au mouvement d’opposition au décret de juin 2010.

« On est passé de sept à quatre [adultes] en huit mois et même si au niveau de l’effectif numérique, c’est possible, en terme de taux d’encadrement si tu veux, on est bien une pour huit enfants qui marchent et une pour cinq enfants qui ne marchent pas, en termes humains, ça fait des tas de choses qui s’empilent, qui font que c’est plus ou moins supportable selon les tempéraments, et puis selon le fait qu’on a pu poser des congés et partir s’aérer une semaine ou pas (…). Plus tu augmentes le nombre d’enfants, déjà sans toucher le nombre de professionnels, moins tu peux être dans une attention individuelle, donc t’es obligée de traiter les enfants en groupe. Donc dire : ça c’est les grands, ça c’est les petits, et non pas dire, là il y a Matéo, Camille et Laurent… Tu peux pas faire comme ça, quand t’as un gros groupe, tu traites un gros groupe, voilà ! »

Les fiches de poste des auxiliaires de puériculture et des éducatrices jeunes enfants, qui décrivent leurs tâches, mentionnent « les soins courants de la vie quotidienne » : l’auxiliaire « aide à la prise des repas, habille, change l’enfant puis veille à son état de santé général ». L’observation permet d’expliciter la dimension matérielle de ces tâches. Toutes impliquent d’abord un contact avec la matière (nourriture, déchets, déjections corporelles — morve, selles, régurgitations, vomi…). Elles impliquent également des postures physiques pénibles (se baisser, s’accroupir, porter les enfants…), liées à la nécessité de se mettre à la hauteur des enfants qui sont de petite taille et du mobilier qui leur est adapté.

« Presque toutes les tâches effectuées demandent aux employées de s’asseoir, de se relever, de se baisser, de porter un enfant… Le vendredi soir, fatiguée de ma journée, j’étais en train de faire les lits avec Lucie et je lui dis qu’elle devait avoir mal au dos en fin de journée. Elle a répondu : “On fait attention à notre dos. Le dos c’est notre outil de travail principal !” » (Compte rendu d’enquête d’H. Perraudeau, crèche associative datant de 2000, 39 enfants)

Même dans les crèches les plus modernes, les « soins courants » nécessitent une part de manutention. Pour bien saisir la dimension matérielle et pénible de ces tâches, il faut rappeler qu’elles s’effectuent d’affilée auprès d’un grand nombre d’enfants. Dans l’une des crèches observées, on a compté que dans la section moyens/bébés accueillant 23 enfants, le goûter s’est étalé de 15h à 17h (trois salariées étaient présentes de 15h à 16h puis deux). À côté des tâches de « soins », sont mentionnés dans les fiches de poste les « travaux d’entretien et de remise en ordre des pièces, des locaux, du matériel utilisé pour toutes les activités ». Selon les crèches, ces tâches d’entretien sont plus ou moins divisées entre les personnels en charge des enfants et un personnel spécialisé, mais une part de nettoyage et de rangement n’en incombe pas moins aux premiers.

Pour clore cet aperçu des dimensions matérielles du travail, mentionnons le bruit, principalement le bruit des enfants. Il représente lui aussi une contrainte, indissociablement matérielle et relationnelle. Il a surpris nos étudiants, qui l’ont parfois trouvé « insupportable » : aux pleurs continus, plus ou moins sonores et lancinants des bébés, s’ajoutent les cris stridents des moyens découvrant les pouvoirs de la voix, le vacarme collectif des plus grands lié à la joie des jeux collectifs ou à l’excitation et à l’attente du repas, leurs pleurs aussi, plus ponctuels, lorsqu’ils se disputent un jouet, un câlin, etc. Le travail de prise en charge des jeunes enfants confronte ainsi au bruit, celui-ci ne faisant que s’amplifier avec le nombre. L’intensité de ce bruit et la difficulté à le subir se lisent également en négatif dans l’interdiction de crier qui pèse sur les salariées et que nombre d’entre elles ont intériorisée au point de s’exprimer toujours avec un ton égal, doucement, même lorsqu’elles « grondent » les enfants. Si les premiers éléments de conversation des enfants de 2-3 ans peuvent, à certains moments de la journée, être saisis et traités comme tels par une salariée qui y répond avec attention et amusement, à d’autres moments, ils ne font qu’alimenter le bruit ambiant :

« Les enfants sont très bavards : ils parlent aux employées de la crèche de leur vie familiale, des bribes de conversations entendues entre les parents ou au téléphone, racontent leur week-end… Cependant, écouter des enfants qui ont juste commencé à apprendre à parler et qui n’ont pas un vocabulaire étendu est délicat. En effet, les enfants cherchent constamment leurs mots, les prononcent mal, répètent la même chose de peur de ne pas être entendus… Par exemple, lors du repas, un enfant était en train de raconter à Delphine son week-end. Il était lent, par moments difficile à comprendre… Je regardais Delphine et je voyais qu’elle n’écoutait pas ce qu’il disait, mais souriait en hochant la tête. Lorsqu’il a terminé sa phrase, elle lui a dit : “D’accord, c’est super”. Le sourire est comme un masque où parfois les employées s’échappent. » (Compte rendu d’enquête d’H. Perraudeau)

Ce bruit des enfants en nombre, associé à leurs pressantes demandes d’être pris dans les bras ou sur les genoux, contribue à la sensation d’« enfermement » pointée par les salariées des crèches et ce quelle que soit la taille réelle de la pièce dans laquelle elles travaillent. Ces tâches et contraintes matérielles contribuent à la pénibilité du travail, pénibilité plus ou moins dicible dont l’observateur attentif repère nombre de signes indirects. Le rapport positif des salariées à toutes les activités susceptibles de rompre la routine des « soins courants » et de leur permettre d’échapper aux rythmes, pleurs et cris des enfants, en est un : activités d’éveil, formations, réunions d’équipe, et même entretiens d’évaluation avec la directrice, sont appréciés pour l’échappée qu’ils autorisent.

Scènes et acteurs du déni

Comment et dans quelle mesure ces dimensions matérielles du travail de prise en charge des enfants se trouvent-elles déniées, c’est-à-dire dissimulées et euphémisées de façon active sur un ensemble de scènes et par toute une série d’acteurs ? Les interactions avec les parents constituent l’un des principaux supports du déni, comme le souligne cette éducatrice jeunes enfants :

« J’ai l’impression que… quand on est peu d’adultes et beaucoup d’enfants, c’est dur de maintenir l’idée qu’on est dans l’“accueil”…

(En coupant la parole) Tu peux pas ! Tu peux pas ! Donc tu le sais, tu sais que tu bosses n’importe comment, alors que tu peux bosser mieux. Tu sais que tu fais du gardiennage alors que c’est ce contre quoi tu te bats, et puis le soir aux parents, il va falloir dire en gros : “Votre enfant a passé une bonne journée !” Tu peux pas dire euh… “Aujourd’hui, c’était immonde, votre enfant a passé sa journée dans le bruit ! Il s’est fait taper plusieurs fois, on lui a volé son jouet quatre fois, il a pleuré six fois”. (…) Tu peux pas dire des trucs pareils aux parents parce que déjà, ça apporte pas d’eau au moulin. Qu’est-ce que ça apporterait ? Sauf les paniquer, les angoisser, leur faire retirer leur gosse de la crèche… Bon, c’est pas constructif et c’est pas professionnel. »

Comme le suggère cet extrait d’entretien, le déni des contraintes que représentent le nombre, le poids, le bruit, la saleté, la violence des enfants, est entretenu par l’impossibilité de dévoiler en détail aux parents tous les aléas de la journée de leur enfant. Cette impossibilité est liée en partie à l’« ordre de l’interaction » pour parler comme E. Goffman : comment tout dire — notamment des choses désagréables à entendre concernant leur enfant et ses conditions d’existence à la crèche — aux parents, sans risquer d’affaiblir leur confiance et leur détachement par rapport à ce qui se passe à la crèche, dispositions précieuses au demeurant, car elles facilitent grandement le travail des personnels ? Cette impossibilité est renforcée par une norme professionnelle — « Il ne faut pas tout dire aux parents » — qui est implicitement incluse dans l’obligation de « discrétion professionnelle » figurant dans les règlements des crèches et portant sur un champ large (depuis les informations concernant la santé des enfants jusqu’aux difficultés sociales des familles). Produit de l’histoire des crèches, qui se sont à l’origine construites contre les parents et en les tenant à distance (Mozère, 1992 ; Norvez, 1990), cette norme professionnelle est aujourd’hui transmise en formation aux éducateurs, auxquels on explique par exemple qu’il ne faut pas dire aux parents que leur enfant a fait ses premiers pas à la crèche, sous peine de les déstabiliser. Interprétant librement cette norme de discrétion, les salariées des crèches sont enclines — ainsi que l’a montré V. Sadock — à « enjoliver », dans le récit fait aux parents, les journées des enfants. L’observation du travail et de l’accueil des parents en fin de journée révèle que l’expression « Elle/il a passé une très bonne journée » est rituellement adressée aux parents, même quand l’enfant a beaucoup pleuré, a été réprimandé pour tel ou tel comportement… Mais en enjolivant les journées des enfants, les salariées contribuent à dissimuler les dimensions les plus pénibles de leur travail.

Le déni qui s’opère dans les interactions avec les parents n’est pas seulement à l’initiative des salariées, mais aussi des parents eux-mêmes qui, du fait de leur rôle social de parents et de leur statut d’actifs, sont souvent pressés de retrouver le soir leur enfant et ne sont guère enclins à penser les enfants en nombre. La définition sociale du rôle de parent pousse à focaliser l’attention sur son enfant, à lui prêter un intérêt exclusif, émerveillé et parfois inquiet. « L’indifférence » et l’ignorance de certains parents concernant les conditions de travail et les métiers des diverses professionnelles sont ainsi pointées par les salariées elles-mêmes comme par les directrices de crèche. Ces dimensions matérielles et pénibles du travail relèvent de ce qui est caché, qui ne se voit pas et qu’ignorent les parents partant travailler.

Le déni s’impose également sur la scène des enfants : impossible d’exprimer brutalement et librement ses sentiments devant les enfants eux-mêmes au sein d’une institution, la crèche, en partie irriguée par les savoirs sur la psychologie de l’enfant et de son développement (Mozère, 1992 ; Gojard, 2010), où les salariées travaillent sous la conduite d’une éducatrice jeunes enfants et ne sont jamais à l’abri d’une visite inopinée de la directrice. Cette impossibilité se décèle dans le recours au langage du corps (soupirs appuyés, mimiques), aux sous-entendus et formules laconiques pour exprimer les sentiments de lassitude ou d’énervement éprouvés à l’endroit de tel ou tel enfant. Ce refoulement des sentiments négatifs dans le face à face avec les enfants correspond là encore à une norme professionnelle, la « maîtrise de soi » ou « patience » mentionnées dans les fiches de poste. L’existence de sanctions infligées aux salariées qui, dans telle ou telle occasion, perdent leur sang-froid et se mettent à crier sur les enfants, confirme le poids de cette norme et suggère que ce refoulement des sentiments négatifs ne va pas toujours de soi, est un travail sans cesse recommencé.

Il faudrait par ailleurs examiner dans quelle mesure les salariées elles-mêmes, dans la façon dont elles tendent à se représenter et à présenter leur activité à l’extérieur (y compris aux chercheurs qu’elles rencontrent à l’occasion d’entretiens), ne contribuent pas elles aussi au déni des dimensions matérielles de leur travail. Ces tâches correspondent au « sale boulot » du travail de prise en charge des enfants, qui comporte d’autres aspects plus gratifiants, délibérément peu abordés ici. Les salariées de la petite enfance n’échappent pas au phénomène repéré par le sociologue E. Hughes selon lequel les travailleurs tendent à dissimuler aux autres et à eux-mêmes les moins valorisantes et valorisées de leurs tâches. Encouragées par les transformations de la prise en charge des jeunes enfants, passée — tout au moins dans les objectifs — de la « garde » à l’« accueil » et à l’« éveil », ces salariées ne mettent-elles pas en avant, dans leurs discours sur le métier, les activités d’éveil ou leur rôle en matière de santé plutôt que les soins courants ? Les tâches intellectuelles d’observation des besoins et habitudes de l’enfant, les transmissions écrites ou orales aux parents ? C’est ce qu’indique l’entretien avec l’éducatrice affirmant que la « garde », c’est « ce contre quoi elle se bat », c’est « mal faire son boulot ». Il n’est pas sûr qu’une telle rhétorique concerne les seules éducatrices jeunes enfants et qu’on ne la retrouve pas aujourd’hui chez les auxiliaires de puériculture. Il nous a semblé que les deux professions réunies dans les manifestations impulsées par le collectif Pas de bébés à la consigne en 2009-2010 partageaient les mêmes slogans : « Nous ne sommes pas des gardiennes d’enfants ! », « De l’accueil, pas de la garderie pour nos petits ! », « Sarko tu devrais lire Dolto ! »

Une autre piste à suivre concerne le genre et la maternité. « Je me suis demandée si parler publiquement de leurs difficultés de travail, ou de leur état d’irritation, ne mettait pas en danger leur identité de femme (ou de mère). En effet, le fait pour une femme d’aimer et de supporter les enfants semble s’imposer comme un attendu social puissant », écrit V. Sadock (2003 : 101). De fait, les personnels de la petite enfance sont quasiment toutes des femmes et souvent des mères : il faudrait explorer empiriquement leurs conceptions du genre comme leurs visions et expériences de la maternité, en tenant compte de leurs trajectoires sociales différenciées mais aussi du contexte socio-historique français où, contrairement à d’autres pays où la norme d’une maternité exclusive reste puissante (Allemagne, Italie…), la norme est devenue celle de la mère active, ce qui introduit de fait de la diversité et du flou dans les attendus sociaux à l’égard de la maternité (Maruani, 2000 ; Badinter, 2010).

Mais l’on peut enfin, en guise de conclusion, relever qu’il existe des relations et des espaces où, loin d’être ignorées ou dissimulées, les dimensions pénibles du travail de prise en charge des jeunes enfants sont mises en avant, discutées, traitées. Dans plusieurs des crèches observées, tel est le cas des relations hiérarchiques, avec des directrices qui multiplient les équipements facilitant les tâches de manutention ou repèrent les besoins de formation des salariées, clairement assimilés à des pauses possibles dans le travail. Dans les relations entre pairs, la pénibilité du travail se déclare également, même si c’est souvent de façon détournée et à mots couverts. La tactique de la « prise de relais » (passer un enfant dans la section d’à côté quand on n’en peut plus) est un indice de cette reconnaissance discrète entre pairs des difficultés du travail, tout comme les arrangements autour des pauses ou des horaires. De même, à certains moments, les parents font part de leur reconnaissance pour le travail accompli, par exemple par des petits cadeaux offerts en fin d’année ou lorsque l’enfant quitte la crèche pour l’école maternelle[5]. Dernier lieu où peut s’exprimer la pénibilité, la scène syndicale du travail de mise en forme des griefs et des revendications : les déléguées du personnel notamment contribuent à lever le déni et à favoriser le traitement des contraintes matérielles, par exemple en proposant telle amélioration susceptible d’alléger les tâches répétitives de manutention. En même temps, comme l’a suggéré le mouvement Pas de bébés à la consigne, la reconnaissance des difficultés du travail en interne peut difficilement se prolonger sur la scène publique où les forces de déni restent puissantes. Il était ainsi révélateur que dans les manifestations de Pas de bébés à la consigne, les difficultés du travail ne puissent être dénoncées que de façon indirecte, par la mise en avant du bien-être des enfants.

Références bibliographiques

Badinter Elisabeth (2010). Le conflit. La femme et la mère. Paris : Flammarion.

Chenu Alain (1994). Les employés. Paris : La Découverte.

Gojard Séverine (2010). Le métier de mère. Paris : La Dispute.

Maruani Margaret (2000). Travail et emploi des femmes. Paris : La Découverte.

Molinier Pascale (2004). « La haine et l’amour, la boîte noire du féminisme ? Une critique de l’éthique du dévouement ». Nouvelles questions féministes, vol. 23, 3.

Mozère Liane (1992). Le printemps des crèches. Histoire et analyse d’un mouvement social. Paris : L’Harmattan.

Norvez Alain (1990). De la naissance à l’école. Santé, modes de garde et préscolarité dans la France contemporaine. Paris : INED-PUF.

Sadock Virginie (2003). « L’enjolivement de la réalité, une défense féminine ? Étude auprès des auxiliaires puéricultrices ». Travailler, 10.

Appel à témoignages

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Un grand merci par avance !


[1] Nous utiliserons le féminin pluriel en raison du taux élevé de femmes dans les différents métiers de la petite enfance (auxiliaires de puériculture, éducatrices jeunes enfants, puéricultrices, agents d’entretien des crèches…). Dans cet article, nous nous appuyons sur notre travail de terrain en cours et sur des comptes rendus d’enquête d’étudiants de 2ème et 3ème années de licence de sociologie des universités de Limoges et de Nantes.

[2] La problématique du colloque « La dimension relationnelle des métiers de service : cache-sexe ou révélateur de genre ? », organisé à l’Université de Lausanne les 2 et 3 septembre 2010, invitait à insister sur les dimensions « matérielles » des métiers de service les plus féminisés, afin de rompre avec une approche trop exclusivement centrée sur le « relationnel » ou l’« émotionnel ».

[3] Faute de place, les contraintes temporelles seront laissées de côté. Par ailleurs, il ne s’agit bien évidemment pas de réduire le travail de prise en charge des jeunes enfants à sa part matérielle, puisqu’il comporte également une dimension notamment intellectuelle repérable aux tâches d’observation, d’écriture et de conseil, les professionnelles diffusant en direction des parents, généralement « profanes », des savoirs médicaux et psychologiques tirés de leur formation et de leur expérience sociale. Mais les contraintes matérielles seront ici privilégiées, puisque l’on peut faire l’hypothèse qu’elles constituent la principale source de pénibilité du travail.

[4] Pour un rappel de ces réflexions, voir Chenu (1994 : 34).

[5] Sans trop s’attarder sur ce qu’ils reconnaissent là précisément dans le travail accompli, ils en reconnaissent malgré tout la valeur d’une façon générale — une reconnaissance sans connaissance peut-être.

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