L’éducation à l’ère du digicode…

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Le digicode ou le fou, l’œuf ou la poule…

Quand je retourne en arrière, voici ce dont je me souviens : chez nous, les portes n’étaient jamais fermées à clé et les voitures non plus. On allait tout seul à l’école et en bande dans les bois. On voyageait sans ceinture de sécurité, dans le coffre ou sur les sièges, ou même sur les genoux des adultes et on skiait sans casque. Bon, les Américains pensaient déjà que tous les touristes venaient potentiellement pour faire quelque chose de mal, tuer le président par exemple, mais on pouvait encore visiter le cockpit des avions. Il y avait du vrai beurre dans la pâte feuilletée. On m’a raconté qu’au jardin d’enfants, les petits mangeaient du pain et du chocolat tous les jours au goûter. Maxime arrivait tout seul à la garderie sur son tricycle, on l’entendait arriver, car la pièce de 5 francs pour payer l’après-midi tintait dans le bac arrière de son engin. Sa maman devait le laisser aller le dernier bout et l’équipe l’accueillait sans plus d’inquiétude.

Ma maîtresse en primaire m’envoyait lui acheter ses cigarettes, les éducs fumaient dans les salles de pause des crèches. On faisait l’amour sans préservatif. Nous étions très libres et très inconscients probablement, sauf les Américains qui avaient presque tout prévu.

Sur ma porte aujourd’hui, il y a trois serrures fermées, pour faire comme les voisins, on ne sait jamais. Les voitures sonnent quand la foudre tombe trop près et, même avec un casque, les gens meurent à ski ou restent très handicapés. On ne laisse pas ou peu les enfants aller seuls à l’école ou au parc, les parents qui le font sont jugés défaillants et inconscients. Et fumer tue au cas où vous ne le sauriez pas, faire l’amour sans protection aussi.

Tout ça sans compter qu’un jour, il n’y a pas si longtemps, des hommes ont lancé des avions sur des bureaux, les cockpits se sont fermés et les gens se sont mis à avoir peur les uns des autres.

Ailleurs, à peu près à la même époque, un homme fou, dangereusement fou, échappé d’un asile, dans un délire à jamais incompréhensible, est entré dans une crèche quelque part en Belgique et a tué plusieurs enfants et une éducatrice. Quelques mois plus tard, à mille lieues de là (157 en fait[1]), les digicodes ont fleuri sur les portes des crèches genevoises, l’heure de la pleine sécurité avait sonné.

Le culte de la sécurité ou le règne de la peur…

Finalement, fermer ma porte à clé ou taper le digicode à l’entrée de la crèche, c’est juste une habitude… ce n’est rien, en apparence. Et puis, un matin au café, ma voisine de table me dit dans une conversation très anodine qu’elle a peur des Arabes. C’est une conversation parmi tant d’autres de ce type, mais à chaque fois ça me donne envie de pleurer, je trouve ça injuste, ça me met en colère, ça m’inquiète terriblement. Je m’interroge, est-ce que les Allemands en 1939 avaient peur des juifs ? Si oui, alors… un jour peut-être… non, non ça n’arrivera pas, pas une autre fois, et pourtant…

J’aimerais nous croire à l’abri, mais c’est difficile ; et l’actualité n’aide pas, il y a à peine deux jours, Ueli Maurer a proposé de dénoncer la Convention des droits de l’homme au nom de la souveraineté nationale, alors en effet, il y a de quoi avoir peur. Ailleurs dans le monde des murs se dressent, vrais ou symboliques, des populations deviennent ou restent des citoyens de seconde zone, aux droits réduits à cause de leur différence : de leur religion, de la couleur de leur peau, de leur origine ethnique, de leur genre ou de leur orientation sexuelle. Rien ne dit que nous ne ferons pas partie de la minorité exclue de demain.

Pour toutes ces raisons, je refuse d’avoir peur de mes semblables. Je comprends que cette peur existe, mais je pense qu’elle ne nous aide pas, car elle nous prive d’esprit critique face au flot de nouvelles négatives dont sont nourries nos peurs au quotidien et qui nous font, bien souvent, prendre des vessies pour des lanternes.

Les préjugés sont par nature généralistes et reflètent rarement la réalité de la peur des gens. Quand on parle de la peur des Arabes, de qui avons-nous peur réellement ? Du jeune Adil chez les Zouzous ou de Cherine chez les Papous ? De leurs parents ? De Jamila notre collègue, de nos voisins, des inconnus que nous croisons ? Cette peur, ainsi exprimée, concerne plus de 400 millions de personnes qui ne se connaissent pas les uns les autres, ne parlent pas la même langue, ne mange pas la même chose, ne se ressemblent pas, n’ont pas tous la même religion et qui probablement ont peur eux aussi.

Les préjugés ont la vie dure, pourquoi ? Parce que, de façon inconsciente, nous excluons de groupes construits sur des préjugés, les individus qui viendraient contredire notre système de pensée. Si, par exemple, nous pensons que tous les étrangers sont des profiteurs, nous n’avons aucun mal, à décider que M. Zaptoutletemps, que nous connaissons, ne rentre pas dans cette catégorie, même si c’est un étranger. Pour autant, nous ne revisitons pas notre préjugé, l’individu fait exception à la règle, mais la règle demeure.

Il est donc difficile de lutter contre ces peurs, elles sont universelles et sans âge ; si nos portes étaient toujours ouvertes autrefois, ma grand-mère, elle, fermait déjà la sienne à double tour et disait que les Italiens étaient des voleurs qui mangeaient nos chats…

La question reste de savoir ce que ces peurs induisent ou non. Comment elles agissent sur nous en tant que professionnels, dans notre travail avec les familles, avec les enfants ? Qu’est-ce que nous transmettons, inconsciemment ou pas, aux autres ? Et qu’est-ce que cela fait aux enfants, quand le grand méchant loup est remplacé par le grand méchant barbu… quand l’autre est d’abord un suspect ? Ça lui fait quoi à Ali de sentir que j’ai peur des hommes qui ressemblent à son père ? Ces peurs, aussi infondées qu’elles soient, existent, influencent nos choix, politiques par exemple. Le vote du 9 février n’est pas si loin, Ecopop est à nos portes, et si ce n’était qu’un premier pas.

Le travail de la peur ou dans la peur : choses vécues ou entendues…

Histoire vraie : un après-midi de décembre 2011, les enfants de la garderie Patamodeler et moi attendons le père Noël assis sur les bancs du coin réunion. Je perçois dans le couloir le père Noël qui a un problème avec sa hotte ; alors je fais patienter les enfants. Je demande : « A quoi il ressemble le père Noël ? » Pas de réponse. J’insiste un peu : « De quelle couleur sont ses habits ? » « Rouge », répond une voix. « Oui ! et quoi d’autre ? », Damien, 3 ans et demi, se lève du banc pour me répondre :

– Il a une barbe blanche, comme Ben Laden !

Le 11 septembre nous hante et nous baignons dans cette société de la sécurité et de la peur. Le digicode de tout à l’heure n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais qui conditionne nos pratiques, d’une manière que nous ne mesurons pas toujours. D’abord, il catégorise les gens ; celui qui n’a pas le code est étranger au territoire, un inconnu, et les étrangers, comme les touristes en Amérique, représentent potentiellement un danger. Donc celui qui sonne (quand les concepteurs ont pensé à mettre une sonnette) est d’abord regardé comme l’étranger, comme le danger potentiel. Que les nouveaux parents coincés derrière la porte se rassurent, c’est pour la sécurité de leur enfant. Bientôt on leur donnera le code et tout ira bien.

Le jour où, bêtement, je ferme ma porte avec la clé à l’intérieur, impossible d’aller sonner chez mon voisin de balcon, car je n’ai pas le code de son allée. Au 14 de la rue je suis chez moi, au 12 et au 16 je suis une étrangère. Déjà qu’on connaît peu ses voisins…

Et puis voilà qu’à la crèche Babahorome, le code des parents ne fonctionne que de 7h00 à 9h00, heures d’accueil. Le parent en retard devra sonner. Le papa d’Emil, comme presque tous les matins, vu qu’il ne commence qu’à 11h00, sonne à 9h45. Une fois, puis deux, puis un peu plus longtemps. Ce qu’il ne sait pas, ou contre quoi il ne peut rien faire, c’est que l’éducatrice est en pleine animation de réunion, pendant que sa collègue prend sa pause. Donc, soit elle supporte les sonneries du papa et le laisse devant la porte un bon quart d’heure, soit elle abandonne tout le groupe d’enfants pour lui ouvrir… Choix cornélien, s’il en est. Et la voici, cette éducatrice devenue contrôleuse des horaires parentaux, cible de l’impatience du papa d’Emil, garde-chiourme en quelque sorte. Alors, au bout d’une semaine, l’équipe glisse un coin en bois dans la porte jusqu’à 10h00, comme ça elle n’est plus dérangée à tout bout de champ par les familles, qui pour mille raisons, bonnes ou mauvaises, n’arrivent pas 9h00.

Il court, il court le furet ou le culte du risque zéro

Un matin, Léa, 2 ans, court dans la salle poursuivie par un loup imaginaire. Mais voilà que ses pieds s’emmêlent et PAF !, sa tête heurte un coin du meuble de la dînette. La peau de l’arcade cède, il faudra des points de suture, zut ! Les parents sont quelque peu fâchés, ce qui est compréhensible, ce n’est jamais agréable de voir son enfant blessé. Mais saluons l’exploit de Léa qui a trouvé un angle à la hauteur de son arcade, ce qui, dans un univers très sécurisé, n’est tout de même pas si simple. C’est aussi, bizarrement, ce que pense le pédiatre des urgences, qui dit aux parents de Léa, qui sont déjà remontés, que c’est louche et que ce type d’accident ne devrait pas arriver en crèche ! Sous-entendu donc, que nous n’avons pas assez surveillé les enfants et donc pas fait notre travail !

Le papa arrive finalement avec cette demande… déconcertante : il veut désormais que nous empêchions sa fille de 2 ans de courir.

Il est loin pourtant d’être le seul à avoir cette idée saugrenue, qu’il est possible et sécurisant d’empêcher les enfants de courir. A Genève, quand le thermomètre grimpe et que la chaleur s’unit à la pollution de l’air, ce n’est pas les voitures qu’on arrête, ce sont les enfants. En cas de pic de pollution, il est recommandé de garder les enfants à l’intérieur et, en tous les cas, d’éviter qu’ils ne courent dehors… et si, par hasard, on peut les empêcher de respirer pendant un jour ou deux…

Infaillible et parano : les nouvelles compétences professionnelles

Si vous suivez régulièrement comme moi les séries américaines à la mode, vous avez forcément entendu parler de la violation des libertés individuelles, lorsque Big Brother filme, écoute, surveille, limite, protocole ou/et légifère les actions des citoyens sous prétexte de protéger le plus grand nombre et d’assurer la sécurité de tous. Ce sont des téléfilms (non sans influence sur notre perception du monde réel), mais ce n’est pas une fiction que l’environnement insécuritaire ainsi créé réduit la liberté d’action.

Cela nous atteint dans notre travail où un certain M. Protocole[2] vient, pour notre sécurité, réduire le champ de nos initiatives et limiter notre capacité à penser nos actions. Cela réduit aussi les espaces d’apprentissage des enfants et nous y reviendrons.

Les professionnels qui gardent la porte empêchent les enfants de courir, luttent contre l’apparition de la HAN1, contrôlent l’identité des individus, se doivent, en plus, d’être infaillibles, ou en tout cas, d’avoir l’œil partout. En effet, que Léo tombe malheureusement contre la barre qui soutient le toboggan et doit (lui aussi !) avoir quelques points de suture, ça passe, mais que personne ne puisse dire comment il est tombé – car parmi les 35 enfants dans le jardin, ce n’est pas lui que les 5 adultes regardaient à cet instant – c’est insupportable. « Bon, disent les parents, vous pensez mettre des caméras ? »

S’il faut tout voir, il va falloir revoir l’aménagement des pièces ; car si le professionnel accueille les enfants dans une salle, seul pendant une heure, il ne peut pas les changer, en cas de besoin, car pour ça, il doit aller dans la salle de bain ; soit il laisse les six autres enfants sans surveillance immédiate, soit il en prend sept dans la salle de bain, soit il laisse l’enfant dans son caca et les autres dans l’odeur. Bon, facile, on met deux groupes ensemble, donc deux adultes. Ok, donc si A va changer un enfant, B est seul avec 12, c’est hors quota, mais on ne dira rien, sauf si à ce moment-là, Lily tombe contre un meuble et que B ne voit pas la chute, car il est occupé à consoler Ali, que Nicole vient de mordre, tout en surveillant du coin de l’œil Fred qui est arrivé avec de la fièvre et mal au cœur (pourvu qu’il ne vomisse pas tout de suite), et à accueillir Cyril et sa maman qui est très angoissée par le spectacle d’un adulte seul avec 12 enfants… Bon A pourrait prendre 2-3 enfants dans la salle de bain, mais là il y a trois robinets, deux toilettes, et une fois Norine sur la table à langer, comment empêcher les autres de plonger les mains dans les toilettes, d’ouvrir le robinet et de finalement glisser sur le sol humide…

Non, non, je ne suis pas parano !

Certains aimeront penser que je prends des exemples extrêmes… permettez que je les détrompe. L’exemple extrême, c’est quand, en plus, le groupe compte un enfant autiste, deux avec des troubles du développement, dont un enfant très agressif et sept qui ne parlent pas français. Et dire que nous avons refusé de baisser les normes d’encadrement…

Alors, comment font les professionnels ? Ils composent chaque jour avec la peur et les risques. C’est simple, ils travaillent, aménagent l’espace, établissent des frontières visibles ou symboliques que les enfants intègrent et respectent, qui sécurisent les déplacements et les échanges pour que la vie collective puisse avoir lieu sereinement dans des conditions favorables. Il y a des lignes communes et puis chacun compose avec son propre sentiment de sécurité. Pour certains professionnels, impossible d’avoir des angles morts derrière une étagère où ils ne verraient pas ce que font les enfants. Pour d’autres, ces lieux un peu cachés sont indispensables, ils doivent exister, être investis par les enfants qui se savent à l’abri du regard des adultes et sont aussi un gage de notre confiance en eux.

Le travail permet, au bout de quelques semaines de vie en groupe, quand les repères et les règles sont suffisamment intériorisés par les enfants, de prendre Alice dans la salle de bain pour la changer tranquillement, pendant que les autres enfants déjà arrivés jouent dans la salle. La porte du vestiaire est ouverte, mais les enfants ne s’en vont pas, ils jouent et interpellent l’adulte en cas de besoin.

Et les enfants alors :

On peut supposer qu’il y a une génération post-11-septembre. Cet événement n’est pas tout, mais il symbolise le glissement ultrasécuritaire de nos sociétés. Le problème, c’est que pour apprendre il faut essayer, il faut prendre des risques, il faut même tomber parfois, se faire mal, mais pas trop bien sûr. Il faut pouvoir expérimenter, toucher, sentir et, essentiel, rencontrer.

Se socialiser, c’est aller vers l’autre, dépasser sa peur, trouver des modes de communication. Mais si l’autre est d’abord un suspect… alors que faire ? Moi j’ai choisi de prendre le risque, celui d’aller vers l’autre, en pensant d’abord qu’il est bon. C’est un risque, bien sûr, mais la peur en est un aussi, car elle rend agressif, ce qui ne facilite pas la rencontre.

Ainsi, un matin très tôt, je suis dans le tram. A l’arrière, il y a un homme ivre, que je n’ai pas regardé ou à peine. Je sais qu’il a la peau noire et qu’il a bu ; alors je m’imagine un quarantenaire grand, fort, abîmé par l’alcool et dangereux bien sûr. Et voilà que cet homme m’interpelle :

« – Eh toi, la fille qui lit le journal ! Zut, moi qui me croyais cachée ! Je suis presque seule dans ce tram, j’hésite et, finalement, je renonce à la peur.

– Oui ?

– T’es gentille toi, tu me parles !

– Ben faut comprendre, je réponds, les gens ils ont peur.

Et lui de dire : – Les GENS ?!? Quels gens !?! Moi aussi je suis un gens ! »

Il me demande la permission de venir s’asseoir vers moi, j’accepte et je découvre un homme très jeune, probablement mineur, avec un visage magnifique, doux, qui est ivre à 6h00 du matin et qui, touché par mon absence de peur, se met à pleurer à côté de moi. Je lui donne un mouchoir, je lui conseille d’arrêter la bière et je sors à mon arrêt.

Reste que mesurer les risques pour permettre aux enfants de se lancer, d’aller vers l’autre, d’expérimenter la vie et d’apprendre est de plus en plus difficile. La peur nous rattrape jusque dans nos assiettes. La peur de grossir, qui dit qu’il vaut mieux de la mousse au chocolat industrielle en poudre que celle du cuisinier, car il l’a faite au beurre. La peur de la maladie, qui dit dans des crèches en France que, pour cuisiner avec les enfants, il faut désormais de l’œuf en poudre ! Déjà qu’ils ne savent pas qui fait l’œuf ou le lait, ils ne vont même plus savoir ce qu’est un œuf, la couleur, la texture, le plaisir de le casser sur le bord du plat, de regarder le jaune se mélanger au blanc.

Enfin le meilleur exemple, c’est tout simplement de trouver un jouet qui ne soit pas interdit au moins de trois ans… bon courage ! Car désormais même Sophie la girafe est toxique.

De la sécurité à la créativité :

Nous sommes toujours tentés de penser que c’était mieux avant, mais ce n’est jamais aussi simple. Les frontières, les normes, les règles de sécurité se sont transformées c’est vrai, mais les gens cherchent, trouvent, créent de nouvelles façons d’aller les uns vers les autres. Le monde ne fait pas juste marche arrière, il change.

Il nous faut rester vigilants, travailler sur nos peurs pour qu’elles ne nous aveuglent pas et qu’elles ne nous empêchent pas d’être intelligents et créatifs. Lorsque nous ne pouvons plus faire de collier de pâtes[3], au grand soulagement de certains parents peu enclins à les porter, le recyclage nous offre des possibilités infinies de créations tout aussi difficiles à assumer pour les parents.

Et ce n’est pas l’existence du digicode à l’entrée de l’institution qui définit les modes d’accueil, mais bien les orientations pédagogiques. A l’EVE des Libellules, les familles sont, dans le principe, libres d’arriver quand elles le veulent. Bien sûr, les équipes sensibilisent les parents aux horaires de vie des groupes, au risque d’arriver lorsque le groupe est en promenade par exemple. Les parents sont invités à avertir les professionnels, à rejoindre le groupe là où il est, ou à revenir à une heure plus propice à l’accueil. Cette orientation exige de la souplesse de part et d’autre, soulève parfois des conflits et des désaccords entre professionnels et parents et demande donc du travail ; mais elle favorise une relation qui se veut coéducative, en misant sur la collaboration et la confiance dans la relation parents-institution et parents-professionnels.

Nous sommes toujours un peu déterminés par le contexte dans lequel nous sommes pris et se distancer de nos peurs n’est pas toujours aisé. Mais à travers l’éducation, en pensant nos pratiques, nous pouvons continuer à favoriser chez les enfants le sentiment de sécurité et de confiance.

Car finalement Big Brother, est-il plus effrayant le Gruffalo[4] ?

Cécile Borel

[1] La lieue belge vaut 5 km, la lieue suisse 4,8 (calculée d’après le tour de l’horloge de Berne) http://fr.wikipedia.org/wiki/Lieue: consulté le 17 octobre 2014.

[2] Voir : Cécile Borel, « La légende des trois bonnes », Revue [petite] enfance, N° 115, pp. 66-69, septembre 2014.

[3] Certains lieux interdisent les jeux et les bricolages avec de la nourriture.

[4] GRUFFALO, Julia Donaldson/Axel Schleffler, Autrement Jeunesse, 2004.

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