Le 131 esquissé

Le dossier

Champy commence par dire combien harmonie, qualité et bon travail entretiennent d’étroites relations. Le rôle des règles là au milieu est plus ambivalent, puisqu’il faut parfois s’en affranchir pour bien bosser. Aristote, qui n’est pas un hôte habituel de cette revue, parle de prudence quand, devant la complexité des situations, il convient de mesurer les conséquences de ce que l’on fait ou va faire. Qui pourrait prétendre que l’éducation de la petite enfance n’a rien à faire avec cette prudence-là ?

Caroly fait une différence essentielle entre collectif de travail et travail collectif. Elle parle aussi des règles de travail tout en précisant leur nécessaire réélaboration par le collectif de travail à l’épreuve du concret de l’activité. Elle utilise des références de l’analyse du travail qui nous sont familières et insiste sur la vitalisation des équipes par un collectif qui fonctionne.

Kühni (K.) et Marchal ont fabriqué une forme rare de collectif qu’elles nomment occasionnel. Il s’agit de la rencontre de deux personnes et de deux institutions dont rien ne prédit le bon fonctionnement commun. Toutefois, devant la situation d’un enfant, il arrive que des intelligences se rencontrent et que des actions se coordonnent, pour le plaisir de faire face à la difficulté et s’assurer que la parole advienne.

Fracheboud a lu un sociologue qui se penche sur le travail des professionnelles dans une crèche parisienne. Elle y pressent ce qui nous menace et ce qui malmène ce que nous appelons encore du beau travail. Sans idéaliser nos pratiques locales, il est urgent de résister à ces prescriptions idiotes qui montent et qui empêchent de bien faire ce qui nous tient à cœur.

Bovey, Egli et Kühni (K.) se sont intéressées à ce qui fait un collectif de travail dans une institution petite enfance. Elles y détaillent les conditions de la solidarité, le nécessaire engagement de soi et les six ingrédients qui fabriquent leur capacité d’agir et de faire vivre puis durer le bonheur de bien bosser. L’air de rien, elles nomment des pratiques qui font rester en bonne santé quand ce que l’on fait et ce que cela fait aux enfants et aux familles donne l’impression d’être à la hauteur de la tâche.

La Rémige prétend que la survie n’est pas une vie. En passant, elle précise qu’il n’y a qu’en enfer que survivre se suffit et que les antagonismes sont des insuffisances critiques. Les feuilles tomberont de ces arbres qui ont l’air bien peu fruitiers.

Faire & Penser

Sud, Etudiant∙e∙s et Précaires a tenté d’évoquer des situations de travail lors d’évaluations professionnelles, en vain. On leur a rabattu les oreilles d’un blabla plus ou moins chamanique qui a pour premier effet d’éviter de discuter ce qui se fait. Le texte accomplit un détour théâtral pour poser des questions cruciales qui regardent le travail.

Dire & Lire

Fracheboud se demande ce que peuvent bien signifier les pédagogies critiques. Elle a lu le livre de Laurence De Cock et Irène Pereira où elles affirment qu’une visée de transformation sociale n’a rien d’une vieillerie inopérante.

Kühni (J.) s’est intéressé à un livre sur la beauté. Si, dans cette revue, reviennent souvent les termes de « belle ouvrage », il est plus rare que l’on parle du beau comme nécessaire à l’éducation. La beauté est bien évidemment subjective, mais ça ne l’empêche pas d’exister. Même si les désaccords sur elle sont la règle.

Fracheboud s’est passionnée pour une bande dessinée qui fait le pari d’intéresser les enfants à la question du travail. On y parle d’un loup que l’on qualifie d’abord de fainéant puis de voleur avant de l’embastiller. A l’épreuve du quotidien, il s’avérera que ce loup est un bosseur, champion des services gratuits que le peuple de la forêt sait parfaitement. Pendant ce temps-là, un écureuil entassera son or et produira la rumeur.

Jacques Kühni

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