Le 135 esquissé

Le dossier

Sotirov se base sur le travail d’enquête qu’il a réalisé auprès des membres de réseaux constitués autour d’enfants identifiés comme ayant des besoins éducatifs particuliers avant leur entrée à l’école, pour rendre visibles les enjeux qui entourent la participation des parents à ces réseaux. Il montre que les parents sont non seulement confrontés à l’obligation d’y participer, mais qu’ils ont aussi le devoir d’y participer en adoptant les attitudes attendues par les professionnel·le·s.

Rullac enjoint les travailleurs·ses sociales·aux à se mobiliser en faveur de la mise en œuvre de la participation des usager·ère·s aux dispositifs du travail social : les bénéficiaires et les professionnel·le·s du travail social étant alors considéré·e·s comme des acteurs·trices d’égale importance qui ont à coconstruire ces dispositifs. Dans ces dispositifs innovants, les expertises professionnel·le·s rencontrent les expertises d’usage et usagère en faveur de l’empowerment des usagers·ères.

Borel, au travers du témoignage qu’il livre sur sa pratique de médecin pédiatre, invite à repenser la manière dont les professionnel·le·s partagent avec les parents le regard qu’ils et elles portent sur leur(s) enfant(s). Il rappelle quelques principes où il est question d’empathie, de décentration, de non-jugement, de sollicitude, de regards croisés, de coconstruction et de collaboration, sans oublier, pour terminer, le « bon sens ».

Kühni et Fracheboud s’intéressent au rapport que les éducateurs·trices ont avec les réseaux dans lesquels ils et elles sont inscrit·e·s en croisant leurs voix à la littérature consacrée. Les réseaux y sont vus tantôt comme des espaces de collaboration et de coconstruction, tantôt comme des espaces de confrontation, mais toujours comme des espaces où la proximité qu’ont les éducateurs·trices de l’enfance avec les parents est bénéfique pour chacun·e et où la finalité – l’enfant – devrait être en son centre.

Luginbuhl présente la mise en mouvement de travailleurs·ses sociales·aux suite à un changement politique majeur de la prise en charge des enfants dans le canton de Neuchâtel. Cette mise en mouvement a débouché sur la constitution d’un collectif « Prends soin de mon doudou » et sur différentes actions visant la sensibilisation des citoyen·ne·s, la mobilisation des professionnel·le·s concerné·e·s et l’émergence d’une action collective.

Réagir & L’écrire

Note de la rédaction : Réagir et l’Ecrire fait partie intégrante du Dossier, Sotirov et Rullac ayant été invités par la rédaction à réagir à leur article respectif.

Sotirov, après avoir lu Rullac, interroge la construction de la participation comme « bien en soi », en discutant sa part sombre. Il observe une résistance des professionnel·le·s à accorder à la parole et à la pratique des parents la même valeur qu’ils et elles accordent à leurs propres parole et pratique. Il envisage également le glissement de l’idéal d’empowerment vers la responsabilisation et le contrôle de soi (du côté des parents) et de l’autre (du côté des professionnel·le·s).

Rullac, après avoir lu Sotirov, revient sur l’injonction qui est faite aux parents de participer aux réseaux selon des critères édictés par les professionnel·le·s et invite ces derniers·ères à se décentrer de leurs propres normes pour reconnaître celles des usagers·ères. Il suggère de mobiliser les outils de la Recherche Action Collaborative pour ouvrir, au sein même des dispositifs du travail social, des espaces collaboratifs où chacun·e est reconnu·e dans sa propre expertise.

Faire & Penser

Chabloz partage ses observations de psychomotricienne sur les capacités et les besoins des enfants accueillis dans les groupes « bébés » des institutions de la petite enfance et les réflexions qu’elle mène autour de l’aménagement de l’espace qui leur est dédié dans ses dimensions physique et sociale. Elle rappelle ainsi, le soulignant dans sa conclusion, que « l’espace est le troisième éducateur des enfants avec la famille et les professionnel·le·s ».

Dire & Lire

Fracheboud a lu Savoir voir et faire voir de Marianne Zogmal. Elle revisite cet ouvrage en mettant en évidence ce qu’un·e observateur·trice naïf·ve de la pratique professionnelle voit et ce que Zogmal, au travers des analyses minutieuses qu’elle fait des interactions entre éducateur·trice de l’enfance et enfants, fait voir de la complexité de cette même pratique professionnelle.

Kühni a lu le dernier livre de la trilogie de Cifali Tenir parole et partage la manière dont elle mobilise cet écrit pour sortir de la routine. Il y est alors question de mensonge, de vérité et de promesse, de paroles qui excluent et de paroles qui incluent, d’autorité et de sentiment de culpabilité, le tout en articulation avec sa propre pratique professionnelle.

Par Sophie Tapparel et Robert Frund

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