Hector

Hector est un enfant d’un peu plus de 2 ans. La famille est déjà connue dans l’institution, puisque son grand frère y a fréquenté les différents groupes. Les parents sont joviaux, ont plaisir à discuter. Le lien est réel, bien établi.

Plusieurs fois le soir, lorsque le papa est sur le départ, il lui arrive de donner des coups de pied sur les fesses de son fils, pour le faire avancer. Sans vraiment lui faire mal, mais le geste est là. Hector se marre tout en courant et en repoussant son papa. Monsieur nous regarde en rigolant, comme pour partager ce moment « drôle » avec nous.

Rires gênés des éducs, sentiment de malaise. Que faire de cette situation ? D’un côté, cela semble être un jeu entre le papa et son fils, de l’autre, le geste n’est pas du tout acceptable.

Les difficultés de compréhension (famille d’origine étrangère, de langue maternelle non française) rendent plus compliqués les échanges. Que comprend réellement le papa lorsque nous parlons des codes de vie, de ce qu’il est permis ou non, de préceptes éducatifs ? Il était déjà arrivé qu’il dise : « Oui, oui », mais nous nous étions rendu compte qu’il n’avait pas saisi. Etait-ce une question de compréhension, ou d’intérêt ? Pouvoir parler au papa de son geste inapproprié sans lui dire qu’il fait tout de travers est délicat.

Hector, au sein du groupe, avait tendance à donner des coups de pied à ses pairs (imitait-il ?).

Et puis, au fil du temps, Hector a vraiment tiré son épingle du jeu. D’un petit garçon qui semblait ne pas tout comprendre de son environnement, avec des comportements inadéquats, il est devenu un garçon avec un langage riche et de sacrées compétences cognitives et sociales.

L’histoire des coups de pied a été discutée avec le papa. En parlant de ce qui se fait ou non en Suisse, de l’éducation, de ce qu’Hector peut comprendre de ce geste, etc.

Finalement, cela a passé et la vie a suivi son cours. Je retiens quand même de la part de quelques éducs un regard un peu figé, jugeant. Est-il en lien avec le niveau social de la famille (classe ouvrière – divergences dans les savoirs éducatifs, non-maîtrise des pratiques éducatives suisses) ?

Quel aurait été le regard des éducs, si la famille était d’un niveau universitaire et née ici ?

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