Les politiques d’accueil extrafamilial des jeunes enfants, un réel levier de lutte contre les inégalités socioéducatives?

Un « effet Matthieu » autour de la fréquentation des structures d’accueil

L’objectif des politiques publiques de mieux lutter contre les inégalités socioéducatives et leurs conséquences sur les trajectoires individuelles s’accompagne aujour­d’hui d’une attention accrue accordée aux premières années de vie de l’enfant. Selon la définition adoptée par l’OFAS (Office fédéral des assurances sociales), trois axes complémentaires sont appelés à caractériser les politiques dites d’encouragement précoce : l’aménagement de lieux de vie adaptés aux jeunes enfants et à leurs familles, le développement de dispositifs de soutien vis-à-vis de ces dernières, et le renforcement d’offres d’accueil extrafamilial de qualité accessibles à l’ensemble des jeunes enfants. Nous nous arrêtons ici sur ce dernier élément. Un argument fort en faveur d’un investissement des pouvoirs publics dans les structures d’accueil extrafamilial est le fait que leur fréquentation, au-delà de favoriser la conciliation travail-famille, contribue au développement cognitif et socioémotionnel des enfants. A une condition bien sûr, la qualité pédagogique des pratiques d’accueil mises en œuvre. Dans le présupposé que cette condition se trouve assurée, les politiques d’accueil extrafamilial sont dès lors perçues comme un levier majeur permettant de lutter, dès le plus jeune âge, contre les inégalités socioéducatives, par le fait d’offrir des opportunités similaires de développement et d’apprentissage aux enfants indépendamment des caractéristiques de leur contexte familial. La fréquentation des structures d’accueil par les enfants de milieux socioéconomiquement défavorisés se trouve parti­culière­ment encouragée.

Dans la pratique, cette perception se heurte toutefois à un biais social persistant en ce qui concerne la fréquentation des structures d’accueil. Que ce soit à l’international comme en Suisse, il est constaté que les enfants de familles socioéconomiquement défavorisées sont moins susceptibles de fréquenter une structure d’accueil extrafamilial que les enfants de milieux plus favorisés (Conus et Knoll, 2020). Tant le revenu de la famille que le niveau de formation des parents, à commencer par celui de la mère, présagent de la probabilité d’un recours à l’accueil extrafamilial institutionnel, sans que cela puisse être expliqué uniquement par une insertion différenciée des parents sur le marché du travail. Il en découle ce que les sociologues appellent un « effet Matthieu » d’accroissement des inégalités, en référence à un verset de l’évangile de Matthieu indiquant « on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a » (Mt 13 :12) : ce sont majoritairement des enfants de milieux favorisés, souvent déjà mieux dotés au départ en tant que bénéficiaires d’un capital socioculturel et d’un environnement éducatif familial favorable, qui profitent des avantages de la fréquentation d’un lieu d’accueil en termes d’apports pédagogiques et socialisants.

Des éléments d’explication du biais social de fréquentation propres au contexte suisse

En Suisse, l’investissement des pouvoirs publics en vue de développer l’offre d’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants reste modeste en comparaison internationale (Daly et Ferragina, 2018). Cela a pour première conséquence que la part des coûts à charge des parents s’y avère importante relativement à ce qui se passe ailleurs. Une étude menée en 2015 par Stern et ses collègues (Stern et al., 2015) montrait que cette part, calculée par rapport au revenu brut moyen par ménage à l’échelle nationale, correspondait à 13 % de ce dernier à Lausanne, et même à 19 % à Zurich, contre 4 à 6 % dans de grandes villes de France, d’Allemagne et d’Autriche. Malgré le fait qu’une part importante des lieux d’accueil propose une adaptation des tarifs en fonction du revenu familial, les ressources socioéconomiques des parents demeurent dans ces conditions un facteur clé dans leur décision de recourir ou non à l’accueil extrafamilial institutionnel (Burger et al., 2017). Cela alimente le biais social de fréquentation évoqué. A ce problème des coûts s’ajoute une offre relativement limitée. Malgré un programme d’impulsion fédéral ayant permis le financement de plus de 60 000 nouvelles places d’accueil depuis 2003, les besoins en matière d’accueil extrafamilial institutionnel restent insuffisamment satisfaits aux yeux d’une part importante des parents d’enfants en âge préscolaire (Bieri et al., 2017). Ce manque d’offre contribue là aussi au biais social de ­fréquentation. Il a en effet été montré que l’influence du revenu familial sur la décision des parents de recourir à l’accueil extrafamilial institutionnel diminue lorsque l’offre augmente dans l’environnement de la famille (Schmid et al., 2011).

A ces facteurs d’offre et de coûts pris dans leur globalité s’ajoute le fait que chacun d’eux se trouve marqué par de fortes disparités selon où les familles vivent en Suisse. L’offre de places d’accueil, par exemple, varie fortement d’un endroit à l’autre. De nettes différences existent selon les régions du pays, mais aussi d’une commune à l’autre au sein d’un même espace. Globalement, la partie occidentale et les régions urbaines du pays se trouvent mieux desservies que la partie orientale et les régions rurales et alpines. D’importantes disparités intercantonales et intercommunales caractérisent également les dépenses que les parents ont à engager vis-à-vis des structures d’accueil. Abrassart et Bonoli (2015) ont ainsi montré que la participation financière exigée des parents vaudois pouvait varier du simple au quintuple selon la commune habitée, en particulier en ce qui concerne les tarifs appliqués pour les familles socioéconomiquement défavorisées. Ces disparités renforcent, dans les contextes les moins favorables, l’effet du manque d’offre et de l’importance des coûts sur la décision des parents de milieux défavorisés de ne pas recourir aux structures d’accueil institutionnel.

Ajoutons à cela que le système suisse de la petite enfance se traduit par un childcare gap particulièrement marqué. Par ce terme difficilement traduisible, il faut entendre, au sein d’un système éducatif, la période durant laquelle la prise en charge du jeune enfant n’est plus couverte par le congé parental sans qu’il dispose déjà d’une place garantie au sein d’une structure d’accueil éducatif institutionnel. Certains pays européens, comme les pays scandinaves ou l’Allemagne, ont aboli ce childcare gap. Un droit d’accès à une place d’accueil institutionnel pour l’enfant y succède directement au congé parental. En Suisse, la combinaison de l’absence de toute forme de place garantie pour une prise en charge institutionnelle de l’enfant avant son entrée à l’école obligatoire à 4 ans et d’un congé parental de courte durée en comparaison internationale font que le childcare gap y est particulièrement long, dépassant trois ans et demi dans le meilleur des cas. On peut supposer que cela rend plus saillante encore l’influence du facteur des coûts dans la décision des parents de recourir aux structures d’accueil extrafamilial institutionnel ou de chercher d’autres modalités organisationnelles durant ce long laps de temps à couvrir. Et que cela contribue au biais social de fréquentation précédemment décrit.

Quelle influence de la variable culturelle ?

Nous avons souligné que le biais social de fréquentation des structures d’accueil extrafamilial institutionnel ne peut s’expliquer simplement par une insertion différenciée des parents, et en premier lieu des mères, dans le marché du travail. Il serait toutefois également erroné de penser que les décisions des familles socioéconomiquement défavorisées de moins recourir aux structures d’accueil institutionnel s’expliquent uniquement par des facteurs de coûts et de disponibilité. Même si Zangger et Widmer (2020) soulignent, dans une revue de littérature, que les facteurs contextuels et structurels – offre à disposition, coûts à charge – priment dans la décision des parents de confier leur enfant à une structure d’accueil, diverses études montrent que les visions qu’ont les parents de l’éducation et du développement de l’enfant jouent aussi un rôle. Le bienfait de confier son jeune enfant à des personnes extérieures au contexte familial, et d’ainsi temporairement l’éloigner de ses parents, particulièrement de sa mère, peut ainsi interpeller dans la vision de certaines cultures de ce qui est nécessaire au bon développement de l’enfant (NICHD, 2005).

Une trace – Collectif CrrC
Détail environnemental – Collectif CrrC

L’influence de la variable culturelle s’avère toutefois complexe. En Suisse, l’étude de Schlanser (2011) montre que certains groupes de populations immigrées (par exemple les ressortissants des Balkans, de Turquie ou du Sri Lanka) recourent très peu à l’accueil extrafamilial institutionnel, mais que d’autres (notamment les ressortissants des pays du sud de l’Europe) y recourent au contraire beaucoup, sans que la variable socioéconomique permette d’expliquer cela. Schmid et ses collègues (2011) font de leur côté l’hypothèse qu’une vision de l’éducation du jeune enfant liant son bon développement au fait d’idéalement grandir auprès de ses parents, de sa mère surtout, pourrait être davantage présente non seulement chez certains groupes de populations migrantes en Suisse, mais aussi dans les régions rurales du pays. Cela contribuerait à expliquer le moindre recours aux structures d’accueil extrafamilial dans ces régions, qui là encore ne peut être justifié uniquement par la différence d’offre ou d’insertion des mères dans le marché du travail.

Lutter contre le biais social de fréquentation des structures d’accueil extrafamilial exige dans ces conditions d’inclure à la réflexion sur les conditions d’accès un ­questionnement quant à l’influence de la variable culturelle sur la décision des parents de certains milieux de moins recourir aux structures d’accueil. Et ceci sans limiter ce questionnement aux seuls parents issus de la migration. Si l’on souhaite que la fréquentation des structures d’accueil puisse réellement constituer un levier dans la lutte contre les inégalités socioéducatives, cela nécessite dès lors, à notre sens, une action à différents niveaux.

Agir sur les politiques au niveau des coûts et de l’offre

Un premier niveau d’action concerne les politiques d’accueil extrafamilial institutionnel. Il est établi qu’un coût élevé à la charge des parents prétérite en premier lieu la fréquentation des structures par les enfants des familles socioéconomiquement défavorisées. Inversement, la recherche de Zangger et Widmer (2020) conduite dans le canton de Berne montre les effets positifs de politiques de subventions cantonales et communales sur la décision des parents de milieux socioéconomiquement défavorisés, mais aussi issus de la migration, de confier leurs enfants à une structure d’accueil. Dans ces circonstances, les spécialistes estiment que généraliser la progressivité des coûts imputés aux parents en fonction de leurs revenus serait un premier moyen essentiel en vue de renforcer la fréquentation des structures d’accueil extrafamilial institutionnel par les enfants de milieux socioéconomiquement défavorisés. Les autres pistes d’action sur la variable des coûts sont un accroissement de la participation des pouvoirs publics ainsi qu’un renforcement de la participation des employeurs, déjà présente dans certains cantons. Un travail d’harmonisation des systèmes de financement et de répartition des coûts s’avère également nécessaire si l’on souhaite éviter que la décision des parents dépende de leur lieu de domicile et des conditions qui y prévalent.

Parallèlement, un renforcement, et surtout une harmonisation de l’offre, fondée sur une analyse précise des besoins et une juste répartition selon les régions du pays, apparaissent indispensables. La recherche atteste en effet que la décision des parents de recourir à une structure d’accueil extrafamilial pour leurs enfants, au-delà de la question du coût, se trouve fortement influencée par la distance entre leur domicile et la structure (Conus et Knoll, 2020). A cela s’ajoute le fait que, dans un contexte de pénurie d’offre, les parents de milieux défavorisés connaissent souvent moins les stratégies à actionner pour agir face au système de manière à obtenir une place d’accueil (Abrassart et Bonoli, 2015). Schmid et ses collègues (2011) montrent qu’une augmentation de l’offre tend dès lors à réduire l’influence du revenu familial sur la probabilité de recourir à l’accueil extrafamilial institutionnel. Cela tient aussi au fait que l’accroissement de l’offre sur un territoire s’accompagne généralement d’une augmentation des places subventionnées à destination des familles disposant de faibles revenus. Les facteurs du coût et de l’offre apparaissent ainsi fortement liés. L’avant-projet d’une nouvelle loi fédérale sur le soutien à l’accueil extrafamilial pour enfants et aux cantons dans leur politique d’encouragement de la petite enfance, en phase de discussion au moment d’écrire ces lignes, semble d’ailleurs vouloir agir conjointement sur ces deux facteurs.

Œuvrer à coconstruire un sens partagé avec les parents

Un second niveau d’action touche à la fois aux politiques d’accueil, mais également, et même surtout, aux pratiques des professionnel∙le∙s du terrain. Nous avons souligné que le fait que la décision des parents de recourir à l’accueil extrafamilial institutionnel se fonde sur des arguments avant tout structurels et contextuels (coûts, offre à disposition, alternatives possibles) ne la rend pas exempte de l’influence de leurs normes culturelles autour de l’éducation de l’enfant. Notamment lorsque celles-ci associent les besoins du jeune enfant à une prise en charge éducative du seul ressort des parents (souvent de la mère avant tout). Dans ces circonstances, le souci de favoriser la fréquentation des structures d’accueil par les enfants de familles porteuses de visions éducatives dans lesquelles le bienfait de cette fréquentation ne va pas de soi nécessite d’accorder une place à un échange ouvert avec les parents sur les conceptions éducatives réciproques, ainsi qu’à l’explicitation des bénéfices potentiels pour l’enfant, souvent considérés comme allant de soi. Une telle attention doit être au cœur des politiques d’encouragement précoce et des stratégies mises en place en vue de renforcer l’accessibilité des structures d’accueil pour les enfants des familles concernées. Mais elle doit aussi imprégner les pratiques des structures et des professionnel∙le∙s de terrain dans les contacts que ces acteurs ont l’occasion d’avoir avec les parents. Là également, le caractère parfois considéré comme « naturel » des bienfaits que la fréquentation d’une structure d’accueil peut engendrer pour les enfants peut amener à ne pas s’interroger sur les visions des parents, les craintes et les doutes qu’ils peuvent éventuellement avoir à ce propos.

Nous rejoignons la nécessité de ne pas réduire la discussion publique et politique sur l’accueil extrafamilial à la seule conciliation travail-famille, et d’y inclure l’enjeu de lutte contre les inégalités socioéducatives. Il nous paraît néanmoins tout aussi important de ne pas résumer cet enjeu à la seule question de l’accessibilité des structures en termes d’offre et de coûts. Sans considérer le recours à l’accueil extrafamilial comme un simple choix parental, car ce serait une manière de nier les problèmes relevés autour de l’accessibilité des structures, il nous semble cependant que le recours à l’accueil doit aussi être interrogé en tant que pratique culturelle. La décision de confier ou non son enfant à une structure d’accueil touche en effet forcément aux conceptions qu’ont les parents de ce qui lui est nécessaire. C’est pourquoi les politiques d’encouragement précoce comme l’action des professionnel∙le∙s de l’accueil extrafamilial sur le terrain ne peuvent se limiter à dire aux parents qu’il serait bien, d’un point de vue pédagogique, de permettre à leur enfant de fréquenter un lieu d’accueil. Il s’agit également de s’intéresser à la perspective des parents, de leur permettre, de manière ouverte et non jugeante, d’exprimer les points de vue, doutes, craintes et espoirs qu’ils associent à l’accueil extrafamilial, dans l’idée de pouvoir ensuite élaborer avec eux un sens partagé autour d’un éventuel accueil de l’enfant.

Et l’enfant dans tout cela ?

Enfin, n’oublions pas l’enfant. Le courant des childhood studies émet une critique vis-à-vis de certains engagements actuels des politiques publiques en faveur de l’encouragement précoce, et de l’attention qu’elles portent aux contextes d’apprentissage de l’enfant durant ses premières années de vie en tant que levier majeur de lutte contre les inégalités socioéducatives. Cette critique porte sur le risque d’y oublier la dimension de l’enfant en tant que tel, avec sa personnalité et ses besoins propres, par la mise en place de mesures fondées sur un objectif éducationnel pensé de l’extérieur, pour l’enfant, mais souvent sans lui. Ce travers pourrait s’appliquer à un discours qui appellerait sans nuances à ce que tous les enfants de milieux socioéconomiquement défavorisés fréquentent un accueil extrafamilial institutionnel. Il va de pair avec un autre risque, celui d’alors stigmatiser les parents qui feraient un choix inverse. Tout en cherchant à favoriser la possibilité pour le plus grand nombre de profiter des possibilités de développement cognitif et socioémotionnel permises par la fréquentation d’une structure d’accueil extrafamilial, il s’agit ainsi, selon nous, d’éviter tout dogmatisme à ce sujet, en plaçant toujours l’enfant et le contexte familial, et la reconnaissance du regard de chacun∙e, au centre des échanges avec les parents.

Xavier Conus

Bibliographie

Abrassart, Aurélien ; Bonoli, Giuliano (2015), « Availability, Cost or Culture ? Obstacles to Childcare Services for Low-Income Families », Journal of Social Policy, N°44, pp. 787-806.

Bieri, Oliver ; Felfe, Christina ; Ramsden, Alma (2017), Evaluation “Anstossfinanzierung”. Entspricht das bestehende Angebot an familienergänzender Kinderbetreuung der Nachfrage? Berne.

Burger, Kaspar ; Neumann, Sascha ; Brandenberg, Kathrin (2017), Etudes sur la formation, l’accueil et l’éducation de la petite enfance en Suisse, Zurich.

Conus, Xavier ; Knoll, Alexander (2020), « Politiques et usages autour de l’accueil extrafamilial institutionnel des jeunes enfants en Suisse : entre disparités et inégalités », Enfances Familles Générations, N°35 [en ligne], http ://journals.openedition.org/efg/10438

Daly, Mary ; Ferragina, Emanuele (2018), « Family Policy in High-income Countries : Five Decades of Development », Journal of European Social Policy, N°28, pp. 255-270.

NICHD [Early Child Care Research Network], (2005), Child Care and Child Development. Results from the NICHD Study of Early Child Care and Youth Development, New York.

Schlanser, Regula (2011), Qui utilise les crèches en Suisse? Logiques sociales du recours aux structures d’accueil collectif pour la petite enfance, Chavannes-sur-Lausanne.

Schmid, Tina ; Kriesi, Irene ; Buchmann, Marlis (2011), « Wer nutzt familienergänzende Kinderbetreuung ? Die Betreuungssituation 6-jähriger Kinder in der Schweiz », Revue suisse de sociologie, N°37, pp. 9-32.

Stern, Susanne ; Schultheiss, Andrea ; Fliedner Juliane ; Iten, Rolf (2015), Analyse des coûts complets et du financement des places de crèche en Allemagne, en France et en Autriche, en comparaison avec la Suisse, Berne.

Zangger, Christoph ; Widmer, Janine (2020), « Quarterly Choosing what is best for one’s Children ? Experimental Evidence on Parents’ Responsiveness to Childcare Subsidies and their Preferences for Different Childcare Arrangements », Early Childhood Research Quarterly, N°51, pp. 110-123.

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